Bienvenue au panthéon
des footballeurs en carton !


     
 

 

Andre Luis

Ah le Brésil ! Patrie du football spectaculaire, enchanteur et poétique. Pelé, Romario, Ronaldinho, tous des génies du ballon rond qui ont élevé leur sport au rang d’art, avec des gestes techniques incroyables et instinctifs, une vision du jeu phénoménale et une formidable capacité à rendre le football festif et joyeux. Oui mais voilà, le joueur qui nous intéresse ici est totalement à l’opposé de cette version idéale du Brésil. Voici Andre Luis Garcia !

Ce grand gaillard de près de deux mètres, tout de muscles vêtu, a sévi pendant quelques mois à l’Olympique de Marseille avant de quitter le club en toute confidentialité. Il possède les qualités pour figurer sous la rubrique des comètes. Cela étant dit, sa silhouette d’auto-tamponneuse combinée à un style de jeu proche de l’Ultimate Fighting contribue évidemment à placer le Brésilien dans la catégorie des bouchers. Mais finalement, c'est la nouvellement créée rubrique des Braziliâneries qui accueille l'ogre sud-américain.

Une trogne parfaite pour jouer dans un Wes Craven…

Andre Luis a pourtant connu un bien beau début de carrière dans son pays natal où il défend de 2000 à 2004 les couleurs de Santos. Avec Alex Dias, aujourd’hui au PSV Eindhoven, il forme un tandem de choc, à défaut d’être de charme, au cœur de la défense. En plus du boulot défensif, ils contribuent pleinement au titre de champion de leur club en marquant plusieurs buts, que ce soit en plaçant leurs grosses têtes sur corner ou en canardant les gardiens adverses sur des coups-francs aux dix-huit mètres.

« Oui j’avoue, c’est André Luis qui m’a tout appris. »

Le sélectionneur auriverde de l’époque, Carlos Alberto Parreira, également entraîneur de Santos, lui offre généreusement deux sélections internationales. Andre Luis marquera même un but. Cela constitue une jolie carte de visite même si il est certain que le Brésil peut offrir une place en Seleçao au premier margoulin venu. Andre Luiz Moreira par exemple. Cela dit, loin de moi l’idée de prétendre qu’Andre Luis est une énorme bouse qui ne mérite pas de sélections. Que nenni ! D’ailleurs, le joueur prouve cette saison au Brésil, au Cruzeiro Belo Horizonte, qu’il n’est pas le panda sous Prozac que ses années en Europe ont laissé penser.

Mais passons sur les compliments pour en venir à son périple sur le vieux continent. Fort de son statut d’international, André Luis s’engage avec le Benfica Lisbonne où il pense trouver en cette grosse brute de Luisao un nouveau camarade de jeu similaire à Alex. Malheureusement, Trapattoni, coach du club portugais à l’époque, ne l’associe pas à son compatriote. Pire, il oublie littéralement notre stoppeur brésilien qui ne dispute qu’une seule rencontre lors de la saison 04/05.

« Si vous voulez la même montre que moi, signez à l’OM ! »

Résumons donc la situation : il existe un défenseur brésilien inconnu en Europe malgré deux sélections internationales, ayant passé une saison blanche et étant de ce fait complètement à la rue physiquement. Qui plus est, le garçon est vivement conseillé par une ancienne gloire du club, Carlos Moser. Impossible de refuser pour un club au grand cœur comme l’OM, toujours prêt à relancer la carrière de joueurs laissés sur la touche.

Mais, naïfs, les dirigeants phocéens ne se rendent pas compte en apposant leur signature sur le contrat de prêt d’André Luis qu’ils s’engagent également à recruter Yannick Quesnel, exilé en terres lusitaniennes depuis des années. La tuile.

« Je me suis caché dans le short d’André Luis pour passer la douane et me revoilà. »

Et nous y voilà enfin. La tunique marseillaise sur le dos, Andre Luis sue à grosse gouttes pour retrouver une taille de guêpe, voire même de gros bourdon, et ainsi avoir sa chance avec l’OM. Le début de saison catastrophique des joueurs de Jean Fernandez pousse le coach à lancer prématurément son colosse sud-américain. Naturellement, le défenseur avale la trompette et s’attire immédiatement railleries et quolibets (défaite marseillaise 3-2 à Rennes).

S’en suivent une dizaine de matches où le Brésilien réalise des performances correctes, sobres et même parfois efficaces. Ses affreuses relances plein axe séduisent définitivement le masochiste staff olympien qui n’hésite pas à mettre le vieux Déhu sur la touche. Après un match très convaincant au Vélodrome contre le PSG, match au cours duquel il muselle Bonaventure Kalou, Andre Luis acquiert ses galons de titulaire.

« Hey les mecs ! J’ai réussi à faire trois jongles de suite. »

Enfin, il peut enfin libérer tout son potentiel. Et c’est parti pour les tacles de bûcheron, les marquages oubliés, les contrôles à chier, les courses au ralenti, les mésententes avec ses partenaires défensifs. Et tout cela en une poignée de matches ! Alors qu’il a fallu cinq ans à Meité pour se bâtir une réputation identique. Chapeau Dédé !

Au mercato hivernal, l’OM recrute le lyrique Renato Civelli et ressuscite Fred Déhu. Ces deux-là formeront la charnière centrale olympienne de la deuxième partie de saison et priveront honteusement Andre Luis de temps de jeu, à l’exception d’un match, celui « des minots » au Parc des Princes, où le Brésilien placera son crâne en opposition à tous les centres parisiens.

C’est sans aucun doute cette image de muraille infranchissable dans un match grotesque et surréaliste qui restera dans les inconscients collectifs. Dommage car c’est assurément le meilleur match du garçon en France. Et comme il serait vraiment injuste de rester sur cette fausse impression et d’oublier son jeu au pied défectueux et sa brutalité défensive, notre site a tenu à mettre un point d’honneur à rétablir la vérité. Voilà qui est fait.

Andre Luis n’a pas seulement la vitesse de la tortue, il en a aussi le cou.

Son match parfait

Un grand gala de charité est organisé au Parc des Princes au profit d’une association caritative. A cette occasion, le PSG et l’OM se réunissent pour un match amical où se mêlent des gloires passées accompagnées de leurs enfants. Andre Luis est convié pour encadrer d’autres ex-Phocéens et leur progéniture. Le Brésilien prend place en défense centrale et se retrouve au marquage individuel du fils de Pedro Miguel Pauleta. La notion d’amusement n’existant pas pour lui, l’actuel défenseur de Cruzeiro prend sa tache très à cœur et brutalise sans vergogne le pauvre enfant. Toutes les ficelles du métier y passent. Doigts sous les côtes, coups de coude au foie, même un étranglement sur corner est utilisé. Le petit aiglon des Açores fond en larmes lorsque son grand vis-à-vis le tacle virilement par derrière à l’indignation générale. Fatalement, le ton monte sur le terrain, les enfants de Jérôme et Laurent Leroy se battent comme des chiffonniers en souvenir de la brouille de leurs paternels tandis que Samir Nasri se fait rouer de coups par le fils de Sammy Traore, âgé de sept ans et mesurant 2 mètres 30. A quelques minutes du terme de la rencontre, les Olympiens obtiennent un coup-franc que veut absolument frapper le bébé de Taye Taiwo. Mais c’est finalement Andre Luis qui se charge de la sentence en envoyant un missile à ras de terre qui fusille le petit Dylan Landreau. Andre Luis, ravi de son match, déclarera après coup : « on voulait prendre les trois points. On s’est donné à 327% pour y arriver ».

Deez


04-01-2007


Né le 15-04-1975

Style de jeu
Favelas Warrior