Dante Bonfim
« What the hell ? Dante Bonfim
un pied carré ? ». J’entends déjà
les plus anglophones des lecteurs belges s’indigner. Certes,
en tant qu’observateurs avisés du football mondial,
nous nous devons, à piedscarres.com, de reconnaître
qu’en Jupiler League, le Brésilien délivre
à chaque match des performances de bon niveau et qu’il
mérite amplement sa place de titulaire au sein de la défense
du Standard de Liège.
Mais si l’on se concentre sur sa carrière en Championnat
de France, comme l’exige notre site, force est de constater
le piètre niveau démontré par le natif de
Salvador de Bahia lors de son passage à Lille. Pourtant,
Dante semblait prometteur à son arrivée dans l’hexagone
et affichait constamment un sourire qui semblait traduire son
bonheur de jouer dans notre beau pays.
Exclusif : Diablo, des X-Men,
s’est mis au football !
Mais c’est la chance qui,
elle, n’a pas voulu lui sourire. Et quand elle s’est
présentée à lui, celui-ci n’a pas su
la saisir.
Avant d’explorer son expérience française
plus en détail, retournons quelque peu en arrière
et revenons sur les débuts de notre cher Dante. Comme tout
Brésilien qui se respecte, c’est dans la rue que
le jeune garçon commence le foot. Le garnement aime tellement
ça qu’il lui arrive régulièrement de
continuer à jouer une fois la nuit tombée, ce qui
a le don d’exaspérer sa mère, qui ne cessera
de maudire le football. Mais la famille comprend bien qu’il
s’agit du meilleur moyen de sortir des favelas. Rêvant
d’un avenir meilleur pour son fils, la maman de Dante se
résout malgré tout à vendre l’âme
de son fils au diable qu’elle haïssait jusqu’ici
: le football professionnel.
Le garçon signe alors à l’Associaço
Esportiva Catuense, dans sa bonne ville de Salvador, en 1998,
avant de rejoindre le club voisin du Galicia Esporte Club quelques
mois plus tard. Il quitte Galicia en 2000 pour s’aguerrir
dans le championnat Paulista au sein de l’équipe
de Capivariano. C’est alors que Ricardo Gomes, l’ancien
joueur du PSG, alors entraîneur de l’Esporte Clube
Juventude, le débauche et le replace dans l’axe de
la défense de son équipe. Un poste de défenseur
central où le jeune homme se montre d’une précision
diabolique dans son placement et d’une grande intransigeance
en un contre un.
Une gueule d’ange dont
on a tort de ne pas se méfier…
L’ancien milieu de terrain
parisien n’est d’ailleurs pas le seul à remarquer
les progrès de son jeune stoppeur. Les « red devils
» de la L1, le LOSC Lille-Métropole, voient en effet
en lui un futur grand défenseur du championnat et s’attachent
les services de Dante sous forme de prêt durant le mercato
hivernal de la saison 2003/2004. Avec ce transfert, Dante voit
ainsi sa carrière évoluer de plusieurs niveaux d’un
seul coup. Mais pas son talent. Eh oui, les quelques matchs qu’il
joue à son arrivée ne suffisent pas à faire
de lui une pièce maîtresse de la défense des
Dogues car les capacités qu’il démontre sont
en effet loin d’être au niveau requis par la Ligue
1. Il fait alors très vite la connaissance du banc de touche
et des rudes conditions climatiques du nord de la France.
De quoi refroidir les ardeurs
du bouillant Brésilien.
Cette première demi-saison
est donc plutôt morne pour le jeune homme. Claude Puel décide
pourtant de le conserver, persuadé que Dante finira par
se révéler. Malheureusement, le ciel du Brésilien
s’assombrit avec l’arrivée de nombreux défenseurs
au LOSC, notamment Nicolas Plestan et Milivoje Vitakic, et la
confirmation des talents défensifs des Rafael Schmitz,
Efstathios Tavlaridis et autres Mathieu Chalmé. Deux petits
matchs en 2004/2005 suffisent à Claude Puel pour se convaincre
de laisser son stoppeur brésilien sur le banc et de le
laisser poursuivre ce qui ressemble de plus en plus pour lui à
une descente aux enfers.
Paradoxalement, Dante va se ressourcer à travers le purgatoire
de la CFA et préparer dans l’ombre le retour en grâce
qu’il espère tant. L’anniversaire de ses 22
ans tout juste fêté, Dante apprend qu’il est
titulaire pour affronter Saint-Etienne en 16èmes de finale
de la Coupe de la Ligue le mercredi 26 octobre 2005. Une date
clef pour lui car le match qu’il réalise restera
son meilleur sous le maillot lillois. Aligné en défense
centrale avec Peter Franquart, autre damné de l’effectif
nordiste, Dante s’enflamme et joue les feu-follets au cours
d’infernales remontées du terrain. Dès la
12ème minute, le démon sort de sa boîte pour
inscrire le premier but du match. Son travail offensif effectué
et le deuxième but inscrit par Franquart six minutes plus
tard, le Brésilien met les Stéphanois sur le grill
et les dégoûte littéralement tout au long
de la rencontre.
« Quand on joue avec le
feu, on se brûle ! Hahaha !!! »
2-0, score final d’une victoire
entièrement bâtie par les huitième et neuvième
hommes de la défense lilloise…mais qui ne suffit
pas à Claude Puel pour titulariser Dante plus souvent.
« Enfer et damnation, se dit notre Brésilien, je
ne resterai pas plus longtemps dans cette cité maudite
! » Fait et dit, au mercato suivant, le défenseur
est transféré au RSC Charleroi.
« Mets ton manteau tu
t’en vas ! »
Mais Dante est un malin. Il s’est
peut-être brûlé les ailes à Lille mais
sait qu’il peut renaître de ses cendres en Belgique.
Ses performances sous le maillot des "Zèbres"
plaisent immédiatement à ses dirigeants et le Brésilien
est très vite adopté par le public de Charleroi.
Il devient son chouchou, respecté par ses coéquipiers,
craint par ses adversaires. Exorcisé de la malédiction
du banc de touche, le défenseur est titulaire à
chaque match et prouve de nouveau ses qualités au grand
jour.
A Charleroi, Dante redécouvre
enfin la chaleur d’un vestiaire pro.
Si bien qu’à peine
un an après son arrivée au « plat pays »,
Dante attire les convoitises des candidats au titre de champion
national. Et c’est finalement le Standard de Liège
qui s’adjuge le joueur en janvier 2007. Un club ou le Brésilien
flambe déjà et ne semble pas près des s’éteindre.
Son match parfait :
Grâce à son
titre de champion de Belgique conquis avec le Standard de Liège,
Dante Bonfim tape de nouveau dans l’œil de Claude Puel,
qui décide de lui faire signer un deuxième contrat
avec le LOSC, ce que Dante fait sans rancune. Le club nordiste,
qui a raté de peu la qualification en Ligue des Champions
se retrouve en Coupe de l’UEFA, confronté au premier
tour au RSC Charleroi. A la veille du match, le défenseur
brésilien apprend qu’il ne sera pas titularisé
en charnière centrale et que, malgré l’absence
de Tavlaridis et Plestan, étonnamment victimes d’une
intoxication alimentaire deux jours plus tôt, c’est
Schmitz et Vitakic qui joueront.
Juste avant le match, Dante, qui a
gardé de bons rapports avec le club belge, passe un coup
de téléphone à ses anciens coéquipiers,
avant de prendre place sur le banc. Son plan est en marche. Au
bout de dix minutes, Plestan sort sur civière suite à
un tacle au niveau de la rotule. Le joueur fautif est expulsé
et Plestan remplacé par…Franquart. « Damned
», se dit Dante, qui malgré l’amitié
qui le lie au nouvel entrant, ne supporte pas de se voir relégué
en quatrième choix. Vingt minutes plus tard, c’est
au tour de Schmitz, plus résistant, de sortir sur blessure,
après un coup de tête volontaire en plein visage.
L’attaquant trop violent est lui aussi exclu et enfin, Claude
Puel se décide à faire rentrer Dante.
Chaud comme la braise, le Brésilien est de tous les bons
coups et dégoûte le désormais unique avant-centre
de l’équipe belge. Une fois les velléités
offensives de Charleroi annihilées, Dante se décide
à apporter son aide à ses attaquants. Ou plutôt
à inscrire lui-même le seul but de la rencontre,
ce qu’il fait suite à une splendide frappe des 18
mètres consécutives à une flamboyante remontée
du terrain. Victoire 1 à 0 et qualification du LOSC qui
se voit obligé de jouer avec Dante titulaire en défense
centrale jusqu’au mercato hivernal, les quatre autres stoppeurs
ayant été déclaré indisponibles avant
le mois de février.
Quant aux joueurs de Charleroi,
auxquels Dante avait promis au téléphone de marquer
contre son camp, ils n’auront tiré aucun bénéfice
du complot mis en place par celui-ci hormis la suspension de deux
de leur joueurs pour une période de six mois et une piteuse
élimination de la Coupe de l’UEFA. « Dante
est diabolique ! » titrera L’Equipe le lendemain du
match. Ce ne sont pas les « zèbres » qui diront
le contraire.
T-Ray
06-02-2007