Talal El Karkouri
L’Afrique du Nord est une
région du globe relativement épargnée des
ravages piedcarresques. De Zidane à Dahleb, en passant
par Hadji, cette zone a même souvent vu émerger de
véritables artistes du ballon rond, caressant le cuir avec
finesse et toucher, conduisant la balle avec fluidité et
dextérité.
Moins réputés mais tout aussi séduisants
sont les bourrins sournois qui peuvent aussi franchir la Méditerranée
pour faire bouffer les pissenlits par la racine aux attaquants
de L1. Et puisque ce n’est pas d’Abdeslam Ouaddou
dont il s’agit, c’est bien Talal El-Karkouri qui a
la chance d’être chroniqué à son tour
sur notre site.
« Donne-moi un autre le
maillot, le mien est plein de sang »
Ah Talal ! Plus qu’un nom,
une griffe, une marque déposée, le plus souvent
sur les chevilles adverses.
Son histoire débute véritablement au Brésil.
Oui au Brésil où le jeune défenseur dispute
la Coupe du Monde des clubs avec le Raja Casablanca, son équipe
formatrice. Là-bas, son jeu rugueux et son bon placement
défensif ont vite fait de séduire la poignée
de recruteurs parisiens en vacances dans la région. Philippe
Bergeroo, alors entraîneur du PSG, se laisse attendrir par
les rapports alléchants des superviseurs et donne son feu
vert à la signature du Marocain. Nous sommes alors en janvier
2000 et le jeune stoppeur doit faire ses preuves.
Un peu de grâce dans ce
monde de brute…
Durant une saison et demi, Talal
offre des performances sobres au public d’un Parc des Princes
qui ne sait pas encore quel joyau officie en défense centrale,
ou au milieu de terrain quand l’entraîneur a abusé
de la boisson. Mais très vite, Bergeroo est remercié
et c’est Luis Fernandez qui prend place sur le banc des
entraîneurs. Sceptique vis à vis de Talal, le coach
ne le fait que très peu jouer et décide même
de lui apprendre à vivre en le prêtant six mois à
l’Aris Salonique.
"Paris ! Me revoilà
!"
Un prêt loin d’être
salvateur pour El-Karkouri qui revient dans la capitale française
avec plus que jamais un statut de remplaçant. La saison
2001/02 est plus aboutie que les précédentes pour
le Marocain mais ses performances ne séduisent toujours
pas Luis qui l’expédie de nouveau à l’étranger
lors de la saison suivante, à Sunderland cette fois-ci.
Dans un championnat aussi rugueux que la Premier League, Talal
trouve rapidement ses marques et effectue une année tout
à fait honorable.
Une charnière centrale
très complémentaire
Rassuré sur son propre niveau
de jeu, El-Karkouri retourne en France avec un moral retrouvé
et la ferme intention de s’imposer enfin au sein de la charnière
centrale parisienne. D’autant plus que Luis Fernandez s’en
est allé et que Coach Vahid a pris en main la destinée
du PSG. Et le Bosniaque semble plus enclin que ses prédécesseurs
à offrir du temps de jeu à Talal. Il faut dire qu’entre
les suspensions régulières de Déhu ou de
Pierre-Fanfan, les portes de l’équipe première
sont souvent ouvertes.
Paradoxalement, s’il s’agit de la dernière
saison parisienne du Marocain, c’est aussi sa meilleure.
En effet, le défenseur dispute 27 matches de L1 et laisse
enfin entrevoir toutes les facettes de son incroyable talent.
Des duels tout en courtoisie
Les spectateurs novices remarquent
évidemment d’emblée l’extrême
brutalité du garçon qui a une prédisposition
certaine pour les tacles assassins. Constamment borderline arbitralement
parlant, Talal ne laisse personne le priver de son plaisir sadique.
Il tacle, retacle et tacle encore sans jamais s’épuiser
mais toujours en faisant mal à ses adversaires. Consigne
du coach ou concours avec son pote José-Karl, nul ne le
sait, toujours est-il que la brutalité terrifiante du Marocain
s’avère efficace pour son club. Le PSG terminera
en effet la saison sur la deuxième marche du podium.
Le French Cancan pour les nuls
Bourrin, il l’est donc assurément.
Mais ce n’est pas la ligne la plus intéressante de
son CV. Talal est aussi un acrobate.
Quel spectateur attentif de L1 peut oser prétendre n’avoir
jamais vu El-Karkouri effectuer un ciseau retourné totalement
inutile dans sa propre surface de réparation ?
Pour trouver une raison valable pouvant expliquer ces moments
de folie insensée, il faut sans doute se tourner vers la
psychanalyse de bas étage. Frustré d’être
considéré uniquement comme un défenseur sans
cervelle, Talal tente de briser son image d’Epinal en démontrant
qu’il est aussi capable de gestes offensifs intéressants.
Néanmoins, ces « bicyclettes » démentes
seraient louables si elles apportaient un quelconque plus à
ses coéquipiers. Or, le Marocain ne répond qu’à
des besoins égoïstes en se procurant un semblant de
masturbation footballistique, ce qui devient inévitablement
risible pour le public.
Enfin… On se moque mais qu’est ce qu’on pouvait
rigoler quand on voyait El-Karkouri s’élever péniblement
dans les airs pour catapulter de manière lamentable le
ballon hors des limites du terrain.
« Vous ne passerez…
PAAAAS ! »
Mais revenons à nos moutons.
Les arrivées de Yepes et de Helder Marino (la blague) condamnent
plus que jamais Talal à un rôle de remplaçant
pour la saison 04/05. Déçu, le défenseur
se fait une raison et décide de quitter Paris pour l’Angleterre,
seul championnat où son talent est unanimement reconnu.
Titulaire depuis trois saisons à Charlton, en dépit
d’une pige sordide à Doha au Qatar au printemps 2006,
El-Karkouri s’est épanoui. Il faut dire qu’en
jouant avec une telle brochette de bourrins (Amdy Faye, Djimi
Traore, Hreidarsson et surtout le déjà mythique
Ben Thatcher), Talal ne peut que se sentir pousser des ailes.
Ici, Talal s’apprête
à mettre une claque au ballon. Allez savoir pourquoi…
A son actif outre-Manche, retenons
notamment un coup-franc surpuissant de 35 mètres début
2005 qui avait été nominé dans les plus beaux
buts de l’année.
Mais ce sont toujours ses craquages qui nous intéressent.
Récemment, Talal s’est illustré en réalisant
un petit pont sur Arjen Robben à quelques mètres
de ses buts. Et à vrai dire, c’est comme ça
qu’on l’aime Talal. Bien brutal, porté sur
le carton, et pétant occasionnellement les plombs en tentant
des gestes aberrants au mépris total du danger.
J’aimerais pas être
à la place du pied droit de Rooney dans les secondes à
venir
Espérons pour lui que les
Addicks parviendront à se maintenir en Premier League au
terme de cette saison 06/07. Nous ne voulons pas que les calamités
techniques que pond Talal de temps à autre disparaissent
dans les abysses des basses divisions anglaises. Si malheureusement
cela devait être le cas, espérons qu’un club
français aurait les cojones pour recruter le Marocain ?
On peut toujours rêver…
Son match parfait
Coupe du monde 2010. Talal
El-Karkouri est capitaine de la sélection marocaine qui
doit affronter la France dans le cadre de la phase de poule.
C’est en proie au doute que le défenseur entre sur
la pelouse. Il faut dire que les dernières saisons n’ont
pas été très joyeuses pour lui. Après
la relégation de Charlton, Talal a opté pour Watford.
Mais la concurrence était trop rude et un prêt de
six mois à Millwall fut officialisé. Sans succès
non plus.
Quel avenir pour un défenseur sur le retour mais n’ayant
pas encore suffisamment rempli ses poches ? Al-Rayyan évidemment
! Talal amasse un bon paquet de pognon et revient en France où
Châteauroux a besoin d’un défenseur expérimenté
pour assurer son non-maintien en Ligue 1 après une très
bonne saison au deuxième étage.
Le poids des ans l’empêchant d’effectuer ses
traditionnelles bicyclettes, sa saison à la Berrichonne
s’avère décevante et son contrat est rompu.
Au chômage et proche de la retraite, Talal compte sur le
Mondial pour effectuer une sortie digne.
Contre les Tricolores, El Karkouri se bat comme un beau diable.
Il s’impose dans les airs face à Trezeguet, il anticipe
tous les appels de Henry, il est tout simplement infranchissable.
Mais très vite, le Marocain s’enflamme. Sur un ballon
aérien anodin, Talal décide de ne pas dégager
de la tête mais d’effectuer un ciseau retourné
complètement foireux qui file en corner. Ce dernier, exécuté
par Ribery, plonge vers le crâne de Gallas… mais El
Karkouri jaillit de nulle part et part seul en contre-attaque.
Passement de jambe et crochet sur Vieira et le Marocain passe
la ligne médiane. Il n’y a plus de défenseur,
mis à part Fabien Barthez, revenu prendre la place de Grégory
Coupet pour rigoler un peu. Le Divin Chauve sort au devant de
Talal et intercepte le ballon, poussé trop fort par le
Marocain.
Ce dernier décide néanmoins d’aller au bout
de son action et d’adresser un high kick phénoménal
à Barthez. Carton rouge justifié et sortie zidanesque
de Talal sous l’ovation des supporters marocains…
et de Grégory Coupet.
BONUS
: Festival de Talal en freestyle complet
Du grand n'importe quoi
Deez
19-02-2007