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des footballeurs en carton !


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Les Trois Fantastic

Le Stade Malherbe Caen-Calvados Basse-Normandie…(rheuheu, à boire)… Je disais donc, le Stade Malherbe de Caen (c’est plus simple) est un club qui a du cœur. Car il faut être charitable pour offrir l’asile à trois réfugiés du football comme nos amis Igor Matic, Zoran Jovicic et Ljubisa Rankovic. Ceux qui ne se souviennent pas d’eux pourraient aisément, à la lecture de ces premières lignes, situer leur transfert aux alentours de 1993, année chaude du premier conflit entre les républiques d’ex-Yougoslavie, ou bien vers la fin des années 1990, date où l’épuration ethnique au Kosovo battait son plein. Bref, interpréter leur venue dans l’hexagone comme un élan de bonté de la part du football français. Il n’en est rien !

Lorsque Caen les fait signer, nous sommes déjà en 2003 (2005 pour Matic) et le Stade Malherbe nourrit de grosses ambitions : retrouver la Ligue 1, sept ans après l’avoir quittée. Connaissant la réputation de « brésiliens de l’Europe » qui colle aux Yougoslaves depuis des décennies, les dirigeants caennais flairent la bonne affaire en engageant un ancien milieu clef du Partizan Belgrade, Ljubisa Rankovic, alors en manque de temps de jeu au FK Zemun Belgrade, et un ex-attaquant de l’Etoile Rouge de Belgrade, une fois buteur en équipe nationale : Zoran Jovicic. Celui-ci vient alors de passer quatre années faites de haut, et surtout de bas, à la Sampdoria de Gênes en série B.

Ne vous y fiez pas, jamais Jovicic n’a affronté le Milan AC, l’Inter ou la Juve.

Ce dernier affiche d’ailleurs une impressionnante statistique de 5 buts en plus de 30 matchs de deuxième division avec la Samp, ce qui ne laisse aucun doute aux Caennais sur son potentiel réalisateur dans notre Ligue 2. Ceux-ci s’en rendent bien vite compte dès sa première saison et ne le font jouer que 19 matchs, soit une demi-saison, au cours desquels il n’inscrit…qu’un seul petit but. Dur, dur, pour un avant-centre.
Lors de sa première saison, son compatriote, Ljubisa Rankovic, joue beaucoup plus. Cinq matchs de plus précisément... Mais l’entente des deux joueurs et l’engagement dont ils font preuve laissent à penser à leurs dirigeants que leur expérience pourrait être encore plus profitable au club une fois celui-ci remonté en L1.

Serait-ce le beurre normand ou le calvados qui indispose autant Ljubisa Rankovic ?

Un objectif que les malherbistes réalisent à la fin de la saison 2003/2004, terminant vice-champions de France de L2 derrière l’AS Saint-Etienne. Enfin le club caennais retrouve l’élite du football français : l’occasion pour lui de remplir de nouveau son joli stade Michel d’Ornano (21 500 places tout de même, mieux vaut jouer en première division pour y parvenir) et surtout d’équilibrer un effectif apparemment prometteur avec des joueurs de niveau européen. Dans ce registre, les normands visent haut, géographiquement parlant, et s’en vont chercher les inénarrables belges Grégory Dufer et Steve Dugardein qui, rassurez-vous, feront eux aussi bientôt l’objet d’une chronique.
Mais afin de mieux saboter une saison 2004/2005 pourtant bien débutée et assurer au club une lente descente au classement, les dirigeants caennais décident de jouer à nouveau la carte serbe durant le mercato hivernal et engagent le jeune Igor Matic, lui aussi ancien du FK Zemun Belgrade et arrivant directement de l’OFK Belgrade où en une demi-saison à peine, il a inscrit cinq buts. Pas mal pour un milieu offensif, peut-on légitimement se dire. C’est ainsi que raisonnent également les Caennais au moment d’accueillir leur nouveau joueur, rêvant d’aligner celui-ci avec ses deux compatriotes afin de former un véritable trio létal.

A Belgrade, il était si doué pour les passes sans contrôle qu’on le surnommait Otto Matic.

Seulement, Patrick Remy, alors entraîneur du Stade Malherbe, se rend vite compte, et ce dès les premiers entraînements, que ces trois là n’ont pas le niveau et qu’à part dans un tournoi de pétanque, cette triplette serbe ne vaut pas tripette. De quoi avoir les boules pour des Caennais qui chutent de plus en plus dans les profondeurs de la Ligue 1. Le coach s’en accommode pourtant, sans doute par dépit, au cours des matchs de coupe, notamment en Coupe de la Ligue, compétition qui sourira aux Caennais jusqu’à la finale perdue face au RC Strasbourg. Jovicic aura même le mérite d’inscrire un tir au but en quart de finale face à l’AJ Auxerre. Mais rien de plus brillant.

« Les enfants, devenez meilleurs qu’eux si vous ne voulez pas être cantonnés à ramasser les agrès à la fin de l’entraînement. »

Dès lors, que faire de ces trois boulets qui ne font qu’alourdir la masse salariale du club et faire quelques timides entrées dans des matchs ou ils n’apportent rien ? Les plus taquins du staff malherbiste auront bien tenté de contacter Fabien Onteniente afin de tourner une suite de Trois Zéros avec les Serbes dans le rôle titre. Sans succès. Les origines yougoslaves de Filip Nikolic, ancien des 2 be 3 et désormais second couteau dans Navarro, ont même failli convaincre un impresario normand de faire de nos amis un boys band digne de poursuivre la tradition instaurée par le Longjumellois. Echec, une nouvelle fois.

Finalement, ce sont les trois zigotos qui finissent par trouver eux-mêmes la solution. A commencer par le mesquin Zoran Jovicic, qui s’en va chercher fortune ailleurs une fois la saison 2004/2005 terminée et son club redescendu en Ligue 2. Matic et Rankovic vont quant à eux participer quelque peu à la dérive caennaise du début de la saison suivante en deuxième division.

Ljubisa Rankovic hallucine en constatant qu’il joue toujours avec Aziz Ben Askar.

Puis c’est au tour de Ljubisa Rankovic de trouver une porte de sortie en décembre 2005. Il part au FC Metalurg Zaporizhya, en Ukraine, pour une demi-saison, avant de faire son retour en France en 2006, au FC Sète, qui subira avec lui une relégation de Ligue 2 en National.
Restait encore au Stade Malherbe à se débarrasser d’Igor Matic. Une nouvelle fois, c’est l’intéressé qui quitte le navire rouge et bleu par ses propres moyens. La fugue en l’occurrence, puisqu’à l’heure de reprendre l’entraînement pour préparer la saison 2006/2007, celui-ci ne réintègre pas l’effectif caennais. Une aubaine pour ses dirigeants qui choisissent de rompre son contrat et de le laisser libre. Une liberté dont celui-ci profite immédiatement, puisqu’il choisit alors de se lancer dans le curling ! Pour le meilleur et pour le pire, même si selon l’avis de tous, le pire, pour lui comme pour les Caennais, est déjà passé.

Igor, tu risques pas de pêcher à nouveau d’aussi gros poissons en essayant de briser la glace avec un balai brosse…

Leur match parfait

Igor Matic est désespéré. Alors que l’équipe nationale serbe de curling est sur le point de se qualifier pour ses premiers Jeux Olympiques, deux de ses coéquipiers habituels se fracturent la cheville en se télescopant sur la glace au cours d’un entraînement. L’ultime rencontre avant d’accéder au tournoi olympique doit se tenir à Caen, face à l’équipe de France. Igor a donc l’idée de demander à ses amis Ljubisa Rankovic et Zoran Jovicic de rejoindre l’équipe serbe pour ce match. Les manches au cours desquelles Igor Matic et son habituel coéquipier s’occupent du balayage sont remportées par l’équipe serbe. Malheureusement, lorsque c’est à Rankovic et Jovicic de balayer, le match prend une toute autre tournure. Dépourvu de l’équipement adéquat, les deux lascars ont été obligés de chausser leurs crampons pour jouer. Une véritable catastrophe pour l’équipe serbe qui perd lesdites manches. Lors de la manche décisive, l’équipe de France, qui semble avoir le match en main, est au lancer. C’est alors que l’amateurisme des deux curlers d’un jour se voit récompensé. Les crampons qu’ils ont chaussé ayant provoqué des crevasses dans la couche de glace aux abords de la « maison », les deux balayeurs français, sûrs de leur victoire et ne faisant attention à rien d’autre qu’à leur pierre, trébuchent malencontreusement alors qu’ils s’apprêtaient à déloger celle d’Igor Matic du centre de la « maison ». Résultat, au lieu de chasser la pierre adverse, les Bleus expédient les leurs aux quatre coins de la piste. Matic triomphe : grâce à lui et ses deux anciens compères caennais, l’équipe nationale de Serbie va enfin pouvoir accéder au cercle très fermé des participants au tournoi olympique de Vancouver.

T-Ray


06-02-2007


Né le 17-04-1973

Prénom : Igor
Nom : Matic

Né le 22-07-1981

Prénom : Ljubisa
Nom : Rankovic

Né le 10-12-1973

Style de jeu
Triple b(o)use