Helder Marino
« Votre attention s’il
vous plaît ! La pause déjeuner est terminée
et la visite va reprendre. Pour ceux qui nous auraient rejoint
en cours de route, je vous rappelle que nous sommes au Musée
des AJDPSGQCG (Anciens Joueurs du Paris Saint-Germain Qui Craignent
Grave) et que nous entrons dans la salle des Inutiles, celle qui
renferme les plus étranges créatures ayant foulé
le Parc des Princes comme Enrique De Lucas, Agostinho ou encore
Jean-Hugues Ateba-Bilayi. Comment ? Oui tout à fait Monsieur,
Ateba est là aussi. Il va s’entraîner au Camp
des Loges le matin et on l’expose ici le reste du temps.
Nous allons commencer avec… Hé Vous là-bas
! Oui, vous ! Reposez tout de suite cette moumoute en vrais poils
de Charles-Edouard Coridon, ça coûte une fortune.
Merci bien. Je disais donc que nous allions commencer avec le
Bourrinatus Portugaisus Grocorpus, communément appelé
Helder Marino. Admirez la carrure d’athlète et la
dégaine de winner de cet esthète du football, ce
Nijinski des pelouses, ce…ce…joueur en fin de carrière
souffrant d’embonpoint ayant trouvé refuge auprès
de Vahid Halilhodzic sans que personne ne sache pourquoi. Je vous
en prie, laissez-moi, chers visiteurs, vous conter l’histoire
de Helder Marino.
En exclusivité mondiale,
son seul tacle propre en 15 ans de carrière
Tout commence à Estoril
où notre ami portugais débute sa carrière
professionnelle. Robuste défenseur central, il est très
vite remarqué par le grand Benfica Lisbonne qu’il
accepte de rejoindre en 1992. Indiscutable titulaire, buteur occasionnel,
champion national avec son club en 94, Helder s’impose comme
une référence défensive dans son pays. A
tel point que les sélectionneurs lusitaniens Nelo Vingada
et Antonio Oliveira lui offrent de nombreuses capes internationales
(35 au total) de 1993 jusqu’à l’Euro 96 où
Helder forme avec Fernando Couto la charnière centrale
titulaire de la Selecçao.
Fort logiquement, les grosses écuries européennes
s’intéressent de près à son cas et
c’est le Deportivo La Corogne qui parvient à séduire
le natif de Luanda. Malheureusement, Helder ne s’y sent
pas aussi bien que chez lui et ses deux premières saisons
ne sont franchement pas folichonnes malgré de nombreuses
titularisations. Sa troisième année en Galice est
un véritable calvaire puisqu’il n’y joue aucun
match, handicapé par des problèmes physiques.
Rien de tel pour se requinquer
que d’aller moisir une saison sur le banc de Newcastle !
En Angleterre, Helder ne participe qu’à huit pauvres
bouts de match avant de retourner au Depor pour ajouter une nouvelle
ligne à son palmarès : une coupe d’Espagne
en 2002. Néanmoins, son bilan personnel est on ne peut
plus mitigé. A presque 31 ans, Helder décide de
rentrer au bercail et de reprendre en main la défense de
Benfica. Capitaine du navire lisboète, le gaillard remporte
la Coupe du Portugal en 2004 et s’apprête à
signer une ultime prolongation de contrat pour assurer ses vieux
jours. Et là, c’est le drame ! Benfica ne veut plus
de lui et décide de le laisser libre sur le marché
des transferts.
Helder hilare à la présentation
de ses coéquipiers
Plein d’amertume et de rancœur
envers le club auquel il a tant apporté, Helder se console
en suivant le bon parcours du Portugal à l'Euro 2004. Ses
journées sont alors partagées entre des séances
d'encouragement envers ses compatriotes et des contacts avec son
agent qui entrevoit de l’expédier au Japon ou au
Qatar. Mais un jour, en visite à l’hôtel des
joueurs lusitaniens, Helder converse avec Pauleta.
Helder : « J’en ai
marre, personne veut de moi. Je suis pas si mauvais pourtant.
Pauleta : T’en fais pas. Je suis sûr que beaucoup
de clubs seraient heureux de t’avoir. Regarde le mien. Le
PSG. En défense on a José-Karl Pierre-Fanfan ! Le
mec qui casse les jambes plus vite que son ombre. Et juste avant
lui, on avait Talal El-Karkouri ! C’est bien pour te dire
qu’on aurait largement la place pour un mec comme toi.
Helder : Je vais peut-être demander à mon agent d’entrer
en contact avec Paris alors.
Pauleta : Euh…
Helder : Merci Pedro, je te revaudrai ça.
Pauleta : (seul) Je crois que j’ai fait une connerie là…
Enfin, Vahid sera pas assez bête pour recruter une buse
pareille. »
Effectivement, Vahid ne souhaite
pas engager un défenseur supplémentaire. La déprime
guette alors Helder qui se réfugie dans la malnutrition
pour oublier ses peines. Les kilos s’accumulent tandis que
les offres de contrat qu’il reçoit se font de plus
en plus rares.
Mais le miracle se produit. En France, le PSG débute l’exercice
04/05 de manière catastrophique et le coach bosniaque décide
de renforcer sa défense. Helder est invité à
une mise à l’essai d’une semaine. Malgré
son gros ventre, le défenseur satisfait pleinement le staff
parisien et signe un contrat d’une saison.
"Manger Miam."
Aujourd’hui encore, nous
nous demandons comment Helder a fait pour séduire un coach
aussi exigeant que Vahid… Ce dernier devait vraiment avoir
besoin d’un défenseur coûte que coûte
pour engager le premier obèse venu. Ou alors, le PSG ne
pouvait plus payer ses joueurs qu’en cargaisons de Big Mac
et de Deluxe Potatoes. Nous mènerons l’enquête,
soyez-en certains.
C’est ainsi que la France
découvre vraiment Helder Marino. Trapu et ankylosé,
doté d’une vitesse de pointe à faire rougir
Frédéric Danjou, le Portugais séduit de nombreux
observateurs. Il est le stéréotype parfait de ces
défenseurs bourrins qui arrivent miraculeusement à
jouer de façon régulière en L1. Lorsque Mario
Yepes est suspendu ou légèrement blessé,
la charnière centrale alignée par Vahid est donc
composée de Helder et de Pierre-Fanfan. L’assurance
d’admirer des dégagements foireux, des tacles scandaleux
et des accélérations bandulatoires. Le zénith
de son intérim parisien est atteint en janvier 2005 lorsque
le Portugais inscrit son seul but de la saison, d’une frappe
titanesque de 30 mètres qui rebondit bizarrement avant
de mystifier le portier istréen Rudy Riou….
Une souplesse pachydermique
Ces performances hautes en couleur
ne suffisent toutefois pas à maintenir Vahid à la
tête du club qui s’enfuit avec la caisse et même
avec les tirelires des joueurs. Laurent Fournier est promu coach
et condamne Helder à un rôle de remplaçant
plus qu’occasionnel. Notre Lusitanien préféré
doit donc chercher un nouveau club et après quelques mois
de chômage, c’est le club grec de Larissa qui a la
piquante idée d’enrôler le défenseur.
Depuis pas de nouvelles, il semble y évoluer encore aujourd’hui.
Du moins, quand il n’est pas exposé ici à
la vue de nos chers visiteurs.
Voilà le fabuleux destin
de Helder Marino. La fin n’est pas très joyeuse mais
c’est bien la preuve, et je dis ça pour vous les
enfants, qu’il ne faut pas trop abuser des Happy Meal !
L’obésité peut nuire très gravement
à votre santé. Et ça peut même vous
amener à signer au PSG. Alors attention !
Si vous voulez bien me suivre,
la visite continue…
« Attention Lecteur, je
vais te manger »
Son match parfait
En Grèce, Helder dort
mal. Il accuse les moussakas qu’il dévore à
pleines dents de perturber son sommeil. En vérité,
le défenseur n’a toujours pas digéré
la finale de l’Euro 2004 qu’il a vécu depuis
les tribunes. Dans les bras de Morphée, il s’imagine
rentrer fougueusement sur le terrain pour remplacer un Jorge Andrade
fantomatique. Il se voit bousculer Costinha pour prendre lui-même
ce diable de Charisteas au marquage. Bien entendu, lui n’aurait
pas permis au grand grec de marquer. Il aurait vaillamment repoussé
le ballon au loin. Droit sur Maniche, qui aurait passé
le ballon à Cristiano Ronaldo. Ce dernier aurait débordé
et laissé en retrait à Pedro Dimas. Quoi Dimas ?
Non pas lui. A Nuno Valente. Le gaucher aurait levé la
tête et aurait vu Helder accourir au point de penalty tel
un triceratops boiteux et en rut. Helder Marino aurait alors repris
le ballon de volée et aurait troué les filets d’un
Nikopolidis impuissant. Cela aurait été beau. Mais
ce n’est jamais arrivé. Charisteas a bel et bien
marqué, la Grèce a été sacrée
et Kapsis a signé aux Girondins de Bordeaux.
Deez
24-01-2007