Bernard Mendy
Autant crever l’abcès
immédiatement. Oui Bernard Mendy a réalisé
un splendide grand pont sur Roberto Carlos il y a de ça
quelques années. Et alors ? En quoi cela le priverait-il
d’une place de choix sur ce site ? Est-ce qu’un acte
isolé devrait occulter l’ensemble d’une carrière
que l’on peut sans conteste qualifier de moribonde ? Car,
si une seule prouesse pouvait résumer à elle seule
la carrière d’un footballeur, Thomas Deniaud serait
ballon d’or et a contrario Zinedine Zidane un personnage
de Mortal Kombat.
Cela étant dit, penchons-nous véritablement sur
cet orfèvre de défenseur latéral, un poste
où sévit d’ailleurs pléthore de pieds
carrés. Né à Evreux à l’aube
des années 80, le bon Bernard intègre très
jeune le centre de formation du Stade Malherbe de Caen où
ce diamant brut a séduit de nombreux « scouts ».
Au terme d’une saison 99/00 particulièrement réussie
en L2, Mendy rejoint le Paris-Saint-Germain mené à
l’époque de main de maître par l’intrépide
Philippe Bergeroo.
« Hinhin, les copains
m’ont rasé le crâne après ma première
passe décisive. »
Ce dernier n’hésite
pas à incorporer très rapidement Bernard dans son
dispositif. Cependant, les résultats alarmants du PSG contraignent
le Président Laurent Perpère à un changement
de coach et c’est Luis Fernandez qui reprend du service.
Cela prive quelque peu Bernard Mendy de temps de jeu puisque le
danseur de samba préfère souvent aligner le croulant
Cristobal sur le côté droit de sa défense,
si bien que Nanard est prié d’aller s’aguerrir
outre-Manche lors de la saison 02/03.
Les dirigeants parisiens ont
même tenté de fusionner Mendy avec Vincent Guérin.
Sans résultat.
Et c’est sous les couleurs
de Bolton que Mendy lance véritablement sa carrière.
Malheureusement pour les Anglais et heureusement pour nous autres
bouffeurs de grenouilles, les Vagabonds ne conservent pas Bernard
qui retourne à Paris où un tyran d’ex-Yougoslavie
sème la terreur depuis peu. Redevenu un incontestable titulaire,
celui qui a récemment été élu ballon
de Plomb 2006 signe probablement la meilleure année footballistique
de sa carrière en s’offrant en l’espace de
quelques mois un but mémorable au Stade Vélodrome
en dribblant Barthez (après une bourde anthologique de
Lizarazu) et sa première sélection chez les Bleus
contre le Brésil le 20 mai 2004. Ce fameux match où
Roberto Carlos jouait en chaussons.
Profites-en, c’est ton
heure de gloire.
Et depuis ? Plus rien. Nada. Le
néant absolu. Les résultats de son club n’étant
pas d’une grande aide, Bernard Mendy stagne, voire régresse
dans le championnat de France. Régulièrement pris
pour cible par les supporters du club de la capitale, notre homme
demeure néanmoins un maillon essentiel de l’équipe,
que ce soit sous les ordres de Laurent Fournier ou de Guy Lacombe,
bien que ce dernier use de vains subterfuges pour tenter d’évincer
Mendy. En titularisant Edouard Cissé à sa place
par exemple. Mais Bernard n’est pas homme à se laisser
abattre, même face une telle humiliation.
Etre mis sur la touche par Pichot,
la haine.
Après ce long mais nécessaire
retour aux sources, il apparaît légitime de se demander
: pourquoi tant de haine envers Bernard Mendy. Certes, il n’a
pas réussi à percer au très haut niveau mais
d’autres avant lui ont subi une désillusion identique.
Oui mais là où d’autres auraient tout simplement
opté pour le suicide sportif (Eric Rabesandratana ou José
Pierre-Fanfan pour ne pas les nommer), Mendy a choisi une lente
agonie au sein même de notre championnat, chose pour laquelle
nous ne pourrons jamais assez le remercier.
« Tu vois pas que tu blesses
nos suppoters avec tes centres à la con. »
Marquage approximatif, mésentente
avec son gardien de but, humiliation en un contre un, tacles à
la Chuck Norris et même une engueulade mythique avec Pauleta
lorsque le Portugais souhaitait mettre en place une astucieuse
combinaison sur coup-franc, tout cela constitue une bien belle
panoplie ma foi. Mais ce n’est encore rien à côté
de ce qui est devenu, au fil des années, sa marque de fabrique,
sa spécialité, son credo. Le centre au troisième
poteau.
Combien de footeux ont pris leur panard en voyant débouler
le défenseur sur son aile droite et adresser un centre
millimétré dans le bac à merguez de la buvette
du stade, laissant hilare l’assistance et l’ensemble
des protagonistes, excepté Pauleta qui regrette le temps
où Bruno Basto faisait partie de ses coéquipiers.
« Merde, j’ai raté
Bruel dans les VIP. »
En conclusion, Bernard Mendy possède
à seulement 25 ans un curriculum vitae bien garni qui lui
confère d’emblée une place de choix dans ces
pages. Ses centres sont entrés dans la légende et
pourraient à eux seuls réhabiliter le Parc des Princes
en un lieu convivial où les spectateurs viendraient pour
se fendre la gueule et essayer de récupérer un ballon
qui finira, inéluctablement, dans les gradins. Chapeau
Monsieur Mendy.
« Quoi ? Dans les pieds
? T’es pas un peu fou Pedro ? »
Son match parfait
A la veille de la Coupe du Monde
2010, la France connaît une épidémie de gastro-entérite
sans précédent. Willy Sagnol, François Clerc,
Pascal Chimbonda, Anthony Réveillère et Bakary Sagna
sont tous cloués au lit et Raymond Domenech n’a d’autre
choix que de convoquer Bernard Mendy pour le dernier match amical
de la sélection tricolore avant de rallier l’Afrique
du Sud. Heureux hasard, c’est le Brésil qui croise
la route des Bleus. Une occasion en or pour Mendy de rééditer
une formidable prestation face à un Roberto Carlos souffrant
d’arthrite et au bord de l’apoplexie. Dès les
premiers instants, Bernard hérite du ballon sur son aile
droite et décide d’aller défier en un contre
un le vétéran madrilène. D’un coup
de rein phénoménal, notre Nanard mystifie Roberto
Carlos et accélère pour atteindre une vitesse maximale
de 78 km/h ! C’est à ce moment là que l’adducteur
gauche lâche dans un bruit effroyable. Courageux, Mendy
décide d’aller au bout de son action et hurle «
Le centre de l’aigle !!!! » avant de faire un bras
d’honneur au public et de s’écrouler sans vie
à côté du point de corner. On ne retrouva
jamais le ballon. Pour l’anecdote, la France remporta la
Coupe du Monde avec Eric Cubilier titulaire sur l’aile droite
de la défense.
« Oh mais c’est
Wesley Snipes ! »
Deez
21-12-2006