Bienvenue au panthéon
des footballeurs en carton !


  Rois de la lose  
 

 

Pascal Nouma

Chers lecteurs, c’est à un véritable mythe que nous nous intéressons aujourd’hui. Oubliez les foirades de Bakayoko, les attentats de Llacer et l’hygiène de vie de Christopher Wreh. Pascal Nouma a fait tout ça en mieux. Résumer la carrière de cet incroyable bonhomme est impossible, tant elle est vaste, sinueuse et parfois teintée de mystères insondables. Cependant, en voici les grandes lignes et les éléments les plus marquants.

Né à Epinay-sur-Seine, le jeune Pascal intègre très jeune le centre de formation du PSG. Ses imposants arguments physiques lui permettent d’être rapidement surclassés dans les catégories de jeunes et lui offrent également des sélections avec les cadets et les juniors nationaux. Espoir de tout un pays au soir de sa prestation en finale de la Coupe Gambardella 89, le jeune Pascal intègre un effectif pro parisien qui rêve de mettre un terme à l’hégémonie marseillaise naissante. Jusqu’à la vingtaine, Nouma se contente de maigres apparitions en championnat et accepte d’être prêté à Lille, puis à Caen, pour s’aguerrir aux joutes de D1. Les spectateurs assidus du foot français se souviennent assurément des premières sorties remarquées du jeune attaquant sous le maillot du Losc. Ses épaules de déménageur, son jeu de tête puissant, et ses muscles fessiers qu’il n’hésite pas à dévoiler aux supporters lensois au soir d’un tumultueux derby de 1992, sont autant de qualités qui sautent rapidement aux yeux des admirateurs footballistiques.

Oh non Pascal, tu vas pas nous sortir ton engin encore une fois !

Car, et c’est là l’une des facettes les plus intrigantes de la personnalité de notre ami, Pascal a très tôt été porté sur les blagues grivoises et l’humour pipi-caca. Mais outre ces enfantillages et plaisanteries douteuses, Nouma s’est aussi souvent illustré par des comportements ignobles et des tacles abominables. De retour au PSG après ce double-prêt, le buteur vit mal sa situation de joker bien que plusieurs buts viennent parcimonieusement égayer le palmarès du bougre. Toute cette frustration emmagasinée connaît une éruption scandaleuse sur la cheville du regretté Philippe Raschke. Suspendu suite à cette agression, Pascal ne s’assagit pas pour autant et collectionne les cartons à défaut des réalisations. Jamais avare de la provoc’, le Spinassien de naissance ne quitte pas les supporters parisiens sans leur offrir un ultime fou rire lorsque qu’il imite un canari au sortir d’un cinglant 5 à 0 du PSG face à Nantes.

« Raschke, t’es un homme mort ! »

A peine ému par la victoire des siens en Coupe des Coupes, Pascal quitte définitivement Paris avec une quinzaine de buts au compteur toutes compétitions confondues. Direction Strasbourg où il retrouve sa victime Raschke et le calamiteux Bruno Rodriguez pour un tandem de choc sur le front de l’attaque alsacienne. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Pascal Nouma a réalisé deux très bonnes saisons à la Meinau. Pourtant, les choses ne semblaient pas très bien engagées quand, après seulement quatre matchs sous ses nouvelles couleurs, le fougueux Pascal explosait le nez de Pascal Pierre d’un maître coup de boule. Le plus drôle dans cette histoire rocambolesque est sans conteste la farouche volonté de Nouma à nier cette agression. En prétextant des pulsions suicidaires du défenseur messin qui se serait fracassé lui-même le nez contre le mur des vestiaires, l’ancien parisien ne convainc pas la commission de discipline qui le suspend plusieurs rencontres.

La folie des grandeurs. Ici, Pascal simule une levrette avec un rhinocéros.

Tout juste 24 ans et déjà légendaire, Pascal profite de ce repos forcé pour travailler son adresse devant le but et revient sur les terrains avec une gnac retrouvée. Il fait trembler les filets adverses à 22 reprises en L1 en deux saisons. Pascal complète aussi son palmarès en s’adjugeant une Coupe de la Ligue au terme d’une séance de tirs au but surréaliste au cours de laquelle Pascal enverra une praline monstrueuse sous la barre du gardien belge des Girondins de Bordeaux, Gilbert Bodart. Le succès strasbourgeois permet à Nouma de disputer la prestigieuse coupe de l’UEFA (à l’époque elle l’était). Malheureusement, un tacle abject sur un joueur écossais des Glasgow Rangers, privera, pour cause de suspension légitime, notre idole de la double-confrontation face à Liverpool et du match aller contre l’Inter. Revenu pour le match retour contre les Italiens, Nouma croquera lamentablement le but de la qualification. Dommage.

Pascal très attentif aux critiques constructives.

Même si sa deuxième saison alsacienne fût moins spectaculaire que la première (le départ de Zitelli y étant pour beaucoup), Pascal se fait tout de même remarquer en se faisant expulser deux fois en moins d’un mois en 1997. Cela ne l’empêche toutefois pas de montrer ses fesses au public lensois pour la deuxième fois de sa carrière et de jouer le rôle d’un mangeur de choucroute dans une publicité télé, première preuve de son admirable jeu d’acteur. Acteur, Nouma l’a toujours été, aussi bien dans les bons que dans les mauvais cotés. En effet, l’aspect "rockstar" de Pascal lui joue des tours et des rumeurs quant à l’état de santé alarmant du joueur sont étalées dans la presse. Est-ce la fameuse bière alsacienne qui fait grossir son corps à vue d’œil et qui le force à quitter Strasbourg pour le Racing Club de Lens ? Nul ne le sait. Toujours est-il que l’attaquant est accueilli de manière glaciale par le public sang et or à qui il a déjà tant montré…

Affûté comme jamais, Pascal va tout péter à Lens

Maladroit devant le but et droit comme un piquet dans les seize mètres adverses, Pascal ne parvient pas à s’imposer au sein d’un RCL pourtant champion en titre de L1. Acceptant les railleries et les critiques des supporters, Nouma se fait plus discret durant toute la saison 98-99 et revient plus fort que jamais l’année suivante. Irrésistible lors de la mémorable campagne européenne de Lens, l’attaquant verra ses efforts réduits à néant par une équipe d’Arsenal réaliste en demi-finale de l’UEFA.

« Allez fais voir ! Je suis sûr que j’en ai une plus grosse que toi. »

Alors âgé de 28 ans, Pascal décide de quitter la France pour rejoindre le Besiktas Istanbul à la surprise générale. On peut, de manière médisante, considérer ce transfert comme ayant une visée purement lucrative. Cependant, les performances de Nouma près du Bosphore sont hallucinantes. Dix-huit buts en vingt-quatre matches lors de la saison 2001-02 conduisent l’éléphantesque attaquant aux portes de l’équipe de France. Non content de se faire remarquer par une quantité gargantuesque de buts, Pascal continue également de collectionner les suspensions, notamment en giflant le colérique anglais, Danny Mills. Entre deux agressions envers des journalistes turcs, Nouma poursuit aussi ses esclandres extra-sportifs en buvant plus que de raison dans les différentes boites de nuit stambouliotes.

Régulièrement sollicité par les publicitaires turcs et adulé par tout un peuple, l’attaquant décide contre toute attente en 2001 de quitter son eldorado pour effectuer une pige à l’Olympique de Marseille. Recruté à prix d’or en tant que joker (son transfert ayant été finalisé dix minutes après la clôture de la période des transferts), Pascal n’est jamais vraiment accepté par les supporters phocéens en dépit d’un comportement, pour une fois, irréprochable. Après onze malheureux matches et un seul but, d’un coup de casque supersonique contre le FC Metz, le buteur repart en Turquie où il recouvre son statut de star internationale.

« Istanbul me manque… »

Mais un geste inconsidéré et grotesque va placer un point final à l’aventure turque de Nouma. Au cœur d’un derby sulfureux contre Fenerbahçe, Pascal inscrit un but important qu’il célèbre en simulant une masturbation. L’image du Français, la main plongé dans son short, provoque un véritable taulé en Turquie et contraint les dirigeants du Besiktas à licencier leur joueur fétiche.

« Ouf, c’est toujours là. »

Dès lors, Pascal en finit avec le chapitre football, non sans avoir honoré deux derniers contrats, l’un au Qatar, l’autre à Livingston en Ecosse où il ne joue qu’une dizaine de minutes en tout et pour tout. Mais peu importe ! Pascal Nouma a désormais d’autres chats à fouetter. Ses performances remarquées dans certains spots publicitaires ont tapé dans l’œil de la légende cinématographique turque, Cuneyt Arkin, qui engage l’ex-footballeur pour son deuxième volet de Turkish Star Wars. Loin d’être le plus déplorable acteur de cette zèderie démente, Pascal a planté les fondations de sa seconde carrière. Nul doute qu’avec son talent sans pareil pour faire le pitre et cabotiner à outrance, l’ancien International A’ tricolore pourra percer dans le milieu confidentiel du cinéma stambouliote.

La classe !

Aujourd’hui, que retenir de la carrière atypique de Pascal ? Tout d’abord des performances hautes en couleurs, surtout sous le maillot ciel et blanc du Racing Club de Strasbourg et celui du Besiktas qui lui ont permis de planter de nombreux buts. Mais aussi, nous nous souviendrons de sa saison catastrophique à l’OM, de ses craquages en règle sur les chevilles des malheureux défenseurs qui l’ont pris au marquage et des innombrables suspensions qui en ont découlé. A l’instar d’un Eric Cantona ou d’un Basile Boli, le caractère impulsif et entier du joueur manquera évidemment au football français, édulcoré qu’il est aujourd’hui. A cette période où la L1 atteint un niveau de médiocrité rarement atteint, les excès de folie et les personnalités déviantes de certains de ses principaux protagonistes seront indubitablement regrettés. Pour toutes ces raisons, Pascal, nous te remercions pour ta fantaisiste carrière footballistique et te souhaitons bonne chance pour la suite.

Son match parfait

Devenu une star de cinéma, Pascal Nouma a oublié les petits tracas vécus lors de sa vie initiale dans le foot. Pourtant, la déception liée à sa fin de carrière en eau de boudin lui laisse quelques profonds regrets. Soucieux de redorer son image, l’ex-sportif décide d’écrire, de réaliser et de jouer son propre rôle dans un film autobiographique. Légèrement mensonger, ce long-métrage présente Nouma comme le petit prodige du football français préférant migrer en Turquie pour la qualité et la renommée du championnat local. Alors que la scène du match fatidique face au Fener' commence à être tournée, Pascal insiste pour réitérer son geste obscène mais se heurte à la désapprobation de la production et à la bienveillance de la censure nationale. Qu’importe ! Pascal Nouma contourne ces obstacles et vend son film au marché noir. Comme tout produit interdit, « Nouma, itinéraire d’un surdoué » remporte un franc succès et élève Pascal au rang d’idole planétaire. Bien des années plus tard, dans les plus petits hameaux turcs, il n’est pas rare d’assister au spectacle émouvant de jeunes enfants jouant au football avec un caillou et deux buts en cagettes et fêtant leurs réalisations en se mettant la main dans le short.


« Ouais on a gagné mais te trompe pas de main. »

Deez


Né le 06-01-1972

Style de jeu
Exhib'