Eric Rabesandratana
Il fut un temps où les défenseurs
étaient infranchissables au PSG. Un temps où le
club de la capitale possédait une des meilleures défenses
de notre belle Ligue 1, peut-être même la meilleure.
Un temps qu’ Eric Rabesandratana n’a jamais connu.

Oh, le
chanteur des Gipsy Kings !
Mais avant
de nous intéresser au labourage de la pelouse du Parc par
ses tacles virils et décisifs (?), penchons-nous sur le
parcours du joueur. Le 18 Septembre 1972, c’est la ville
d’Epinay-sur-Seine, en région parisienne, qui a la
chance de voir naître ce colosse aux pieds carrés.
Très vite attiré par le football, les aléas
de la vie le conduisent en Lorraine et c’est à l’
ASNL que Rabe fera ses classes.
Ses qualités physiques au dessus de la moyenne en font
un véritable roc naturel et le destinent à une carrière
de libéro émérite.
Les recruteurs lorrains le placent alors au centre de formation
du club, la Forêt de Haye, qui accueille à l’époque
une promotion de jeunes pousses capables de noircir allégrement
les pages de ce site (Zitelli et Vairelles en font notamment partie).
L’entraînement est rude mais à force de travail
et d’acharnement, Rabe acquiert petit à petit les
rudiments qui feront de lui un des plus glorieux pittbulls que
la Ligue 1 ait jamais connu : coups de coude, tacles à
la glotte, crampons savamment posés sur les cuisses de
ses adversaires, tout y passe. Au cours de ces années d’apprentissage,
les soirs de pleine lune, on pouvait percevoir du fin fond de
la forêt les complaintes lugubres de Christophe Bastien
et de Franck Gava, autres camarades de chambrée d’Eric,
se lamentant du traitement qui leur était réservé.

Pourtant,
il fait moins peur sans ses cheveux.
Et c’est Aimé Jacquet,
qui lors de la saison 1990/91, lance le joueur d’origine
malgache dans l’élite française. Celui-ci
s’impose alors en véritable patron au sein de la
défense nancéienne. Au cours du septennat passé
en Lorraine, que ce soit en L1 ou en L2, Rabe est utilisé
à de nombreux postes au milieu du terrain, et notamment
celui de… milieu offensif. Je vois d’ici les sourires
esquissés sur vos lèvres à la vue du géant
s’essayant aux joies des passements de jambe, car il faut
bien le reconnaître, n’est pas Ronnie qui veut, mais
Eric réussit en 1996 la performance d’inscrire 16
buts au cours de la saison.
Il est vrai que Nancy évoluait
alors en L2 mais pour un défenseur central de formation,
c’est plutôt flatteur, non ? Malgré ce coup
d’éclat et la remontée du club lorrain dans
l’élite, il décide de quitter le navire après
un énième ascenseur effectué par son équipe
la saison suivante. Il réalise alors son rêve…signer
au PSG. Car même si le club de la capitale n'a plus son
lustre d’antan, lui, ex-gamin de la Banlieue Nord, est convaincu
qu’il peut réaliser de grandes choses avec son club
de cœur.

Ce qui deviendra plus tard la
jurisprudence Pichot, un défenseur parisien doit toujours
avoir les mains dans son dos. Toujours !
Nous sommes en 1997 et le PSG,
dirigé par le tandem Ricardo-Bats, va disputer la Ligue
des Champions. Une opportunité unique pour le joueur de
franchir un palier. La première année est amplement
réussie pour le grand gaillard qui devient le pilier de
l’arrière-garde parisienne et qui réalise
le doublé : Coupe de la Ligue - Coupe de France.
De plus, il se lie d’amitié avec ses coéquipiers
et cela donne une triplette redoutable avec les tendres Yanovski
et Llacer. Ses quatre années dans la capitale seront d’ailleurs
jalonnées de nombreuses rencontres toutes plus enrichissantes
les unes que les autres : Cristobal, son ami du troisième
age, mais surtout Mickaël Madar, le croqueur local, son frère
caché ; ces deux-là deviennent les meilleurs amis
du monde et forment le « gang des chevelus », qui
compte parmi ses rangs les Cobos, Di Meco et consorts.

"On le dirait pas comme
ça, mais j'ai trois mètres de cheveux derrière
moi !"
Cette évidente complicité
a provoqué de nombreux remous dans les vestiaires parisiens
provoquant la jalousie de nombreux partenaires. Le duo a notamment
écœuré ce bon petit Francis Llacer, précipitant
son départ vers Saint-Etienne, qui aurait bien aimé
faire partie des chevelus mais qui à la même époque
devait faire face à la fulgurante apparition d’une
calvitie digne de Popeck.
Les années PSG, c’est
aussi une rencontre avec le bien-aimé Talal ; celui-ci
voue d’ailleurs un respect immense à son prédécesseur
qui lui aurait tout appris. Quand on voit le résultat de
leur association et leur comportement sur le terrain, on peut
comprendre pourquoi ils s’entendaient si bien. Malheureusement,
les crocs-en jambe et autres prises à deux ne garantissaient
en rien l’imperméabilité de la défense.

"Mais euh ! Pourquoi tu
tombes pas ? "
Fatalement, le club de la capitale
se lasse d’Eric qui va évoluer une année durant
la saison 2001/02 dans l’anonymat le plus complet du championnat
grec. L’année suivante, il s’en va rejoindre
la fameuse et non moins belle Berrichonne de Châteauroux
où Michel Denisot se rappelle aux bons souvenirs du métier
de dirigeant. Car outre le statut de succursale officielle du
PSG, le club évolue en Ligue 2. Mais tout n’est pas
catastrophique pour Rabe puisqu’il y rencontre un nouveau
chevelu, Teddy Bertin, le libéro titulaire que l'ancien
pairisien n'arrivera jamais à détrôner. On
peut ainsi regretter de n’avoir pas vu à l’œuvre
cette charnière centrale expérimentée durant
la finale de la Coupe de France 2004 perdue face au PSG, Eric
restant spectateur dans les travées du Stade de France.
Mais le suicide sportif du joueur
ne s’arrête pas là ; en 2004, c’est à
Mons, club de la Jupiler League, qui décidément
est terre d’asile des has-been du championnat français,
que Rabe compte rebondir. Et à 35 ans, en 2007, le valeureux
défenseur joue le rôle de doublure dans le club belge
au milieu des Frédéric Jay et autres Wilfried Dalmat.
On peut pas tous finir sur une finale de Coupe du Monde…

Mais c'est qu'il a pris du bide
le Rabe !
Son match parfait
A la suite d’une discussion
houleuse, Francis Lalanne et Joey Starr décident de régler
leur différend autour d’un match de beachsoccer.
Pour l’occasion, ils font appel à leurs connaissances
pour former les équipes. Francis choisit de contacter le
gang des chevelus et Rabe retrouve ses potes Madar et Bertin,
ainsi que Marcel Dib et Eric Di Meco. En face, ils ont notamment
à affronter Anelka et Wiltord, mais aussi Jamel Debbouze,
venus prêter main forte au rappeur français. Le match
commence, et les efforts conjugués de Bertin et Eric sont
vains pour endiguer les attaques adverses. Jamel fait souffrir
l’arrière-garde chevelue par ses dribbles chaloupés
et le duo Dalmat-Luccin est efficace à la récupération.
Malgré le déficit
technique évident des chevelus, il faut trouver une solution
pour remonter au score. A la mi-temps, l’équipe de
Francis a alors une idée : se faire passer pour des victimes
afin d’obtenir le maximum de coups de pieds arrêtés.
Dès lors, à chaque contact, Rabe et ses potes s’écroulent
sur le sable et Teddy « la frappe sêche » Bertin
se charge de tirer les coups-francs victorieux pendant que Dib
fait parler son mythique jeu de tête.
Il reste dix secondes de
jeu et les équipes sont à égalité.
Eric se rappelle alors aux bons souvenirs de ses années
nancéiennes et de son expérience au milieu de terrain.
Il se lance dans un rush solitaire mais se voit stopper irrégulièrement
par Jamel qui le tacle à hauteur du genou. Coup-franc.
L’ex-parisien choisit alors de le tirer avec son ami de
toujours, Madar. Les deux joueurs s’élancent et frappent
le ballon au même moment, la trajectoire trompant un Lama
médusé. Fous de joie, les chevelus se prennent tous
dans les bras et Francis peut alors se lancer dans un concert
improvisé sur la plage.
Pedro
19-02-2007