Alberto Rivera Pizarro
Qu’on l’idolâtre
ou qu’on le déteste, il est impossible de nier l’importance
qu’a eu Bernard Tapie dans l’histoire du football
français. La création pièce par pièce
d’une équipe de très haut niveau, la renommée
européenne de son équipe, un ballon d’or évoluant
dans le championnat de France, la Coupe aux grandes oreilles.
Tout ça, c’est Nanard.
Cela dit, ce n’est pas cette période faste qui nous
intéresse ici. Ni même la traversée du désert
ou les mois de prison de Tapie. Non, ce qui nous branche au sein
de notre rédaction, c’est « Tapie 2 : Le Retour
» entre 2000 et 2002.
Une période bénie des dieux, où les pieds
carrés ont pullulé sur la Canebière. Notamment
lors du mercato hivernal de la saison 2001/02 où l’OM
a complètement pété les plombs en recrutant
une bonne dizaine de joueurs sans réfléchir, sans
plan de jeu, sans aucune logique.
Ainsi, Nanard a fait venir des habitués du championnat
de France, Wilfried Dalmat, Cyril Chapuis, Lamine Sakho ou Salomon
Olembe, mais aussi des vieux briscards étrangers en préretraite
comme Dimas ou Torrisi.
Un recrutement gargantuesque qui s’est avéré
franchement risible par la suite. Mais Tapie ne s’est pas
arrêté en si bon chemin et a aussi fait jouer ses
connaissances pour enrôler deux Espagnols : l’excellent
buteur barcelonais Alfonso et un jeune milieu de terrain du Real
Madrid, Alberto Rivera Pizarro.
Hernan Crespo aurait-il arrêté
les stéroïdes ?
Avant même que l’on
découvre la bête, la propagande olympienne nous abreuve
de détails croustillants tels que les statistiques très
intéressantes de ce meneur de jeu au sein de l’équipe…
réserve du Real ou lors de son prêt à Numancia.
Pis, d’on ne sait où sort une interview où
Zidane himself explique que Rivera est probablement son successeur
à la mène du Real Madrid tant sa vision du jeu et
sa technique en font la nouvelle star du football ibérique
(!)
Sortez les cotillons et les serpentins, la modeste Ligue 1 tient
là un joyau ! Une perle qui ne demande qu’à
s’épanouir en France pendant les six mois à
venir, et peut-être davantage si le Real consent à
prolonger le bail de son poulain à Marseille. L’échec
marseillais de De La Pena est oublié, place à Rivera
!
Mais quelques heures après
cette promesse orgasmique, la réalité rattrape la
fiction en dévoilant quelques insupportables vérités.
Déjà, le joueur sera libéré par le
Real en fin de saison, son contrat arrivant à échéance.
Comment ? Le Real laisserait partir sans indemnité le futur
Zizou ? Un soupçon de scepticisme nous prend aux tripes
tandis que la présentation officielle du joueur approche
à grands pas. Certains se demandent comment ce diamant
brut a-t-il pu échapper aux médias pendant ses années
de formation ? A quoi peut-il bien ressembler ?

Je suis ravi de venir passer six mois au centre aéré
de Marseille !
Le voici et diantre ! C’est
un enfant ! 60 kilos tout mouillé et visiblement en pleine
rébellion contre le système. En témoigne
son improbable chevelure que n’aurait pas renié Lorenzo
Lamas sur les routes du Dakota.
Copieur
Après la contemplation
architecturale du garçonnet, vient le temps de l’analyse
critique du footballeur.
Sur ce site, nous avons chroniqué d’authentiques
pieds carrés, des joueurs maladroits ou violents, voire
les deux à la fois. Mais il faut bien se rendre à
l’évidence, Alberto Rivera n’est pas de ces
engeances. C’est un petit gabarit plutôt doué
balle au pied, capable de gestes techniques propres et d’un
apport certain au collectif. Cependant, là où l’Espagnol
devient intéressant, c’est dans sa propension à
voler en éclats au moindre contact avec un adversaire.
A son époque marseillaise, un simple coup d’épaule
suffit à l’envoyer irrémédiablement
dans le décor, les quatre fers en l’air et les cheveux
encore plus ébouriffés qu’ils ne le sont naturellement.
« Me pousse pas comme
çaaaaaa… »
En dehors de cette fâcheuse
tendance à se casser la gueule, Rivera réalise des
performances plutôt correctes. Tout comme son compatriote
Alfonso, le meneur de jeu inscrit un but lors de son premier match
au Vélodrome. Il récidive quelques semaines plus
tard en marquant le but de la victoire marseillaise au Stade Bollaert
en Coupe de France. A part ça ? Pas grand chose, si ce
ne sont des plongeons dignes d’un Ian Thorpe au sommet de
son art.
« Serre pas si fort. Tu
me fais mal. »
Ses chutes sempiternelles agacent
rapidement les rugueux défenseurs de Ligue 1 qui ménagent
de moins en moins le jeune espagnol, régulièrement
pris à parti par ses vis à vis qui n’hésitent
plus à le malmener sauvagement. Las de ce traitement injuste,
Alberto demande à Tomislav Ivic et à Albert Emon
de le laisser sur le banc afin d’échapper aux griffes
des cruelles défenses.
Après seulement 12 matches
de championnat, Alberto repasse les Pyrénées et
quitte cette L1 peuplée de vilains méchants pas
beaux qui n’auront fait rien qu’à l’embêter.
C’est le club de Levante qui l’accueille. Il pourra
y donner la pleine mesure de son talent pendant trois saisons
avant de rallier le Betis Séville où il est un élément
incontournable depuis deux ans. A force de séances de musculations
et d’endurcissement, le joueur est devenu un honnête
joueur de Liga, ce qui était loin d’être certain
à la lumière de ses performances marseillaises.
Reste à savoir si Luis Fernandez, nouvel entraîneur
du Betis, lui accordera autant de confiance que les coachs précédents…
Résumons donc, nous avons
là un spécimen parfait de joueur recruté
en parfait dépit du bon sens, sans que l’OM ait au
préalable jaugé les besoins ou les carences de son
équipe. De plus et à l’époque, Alberto
n’avait absolument pas la carrure pour s’imposer dans
un championnat aussi brutal que la L1. Loin de moi l’idée
de dénigrer la Liga mais il est certain que les Espagnols
privilégient la technique au physique et qu’un joueur
comme Rivera pouvait plus facilement s’y épanouir
et y progresser.
« Je me casse la gueuuuuuuule
»
Ne restera donc dans les mémoires
que ce gnome d’environ 1m60 (dont la moitié de cheveux),
capables d’éclairs de génie lorsque la pression
défensive adverse n’était pas trop intense.
Dans le cas contraire, ses chutes lamentables et ses roulés-boulés
effectués à la moindre occasion pourront toujours
faire rire dans les chaumières. De la comète de
mercato hivernal comme on n’en fait plus…
Son match parfait
Jamais à court d’idées
nauséabondes, la societé Endemol a décidé
de faire un pacte avec la LFP afin de créer une nouvelle
émission de télé-réalité sur
fond de football. Pour le premier prime-time, il est décidé
d’organiser un match opposant les petits aux grands gabarits.
Autrement dit les chochottes contre les pires brutes que la L1
ait jamais porté.
Quelques jours plus tard, Alberto Rivera se retrouve enfermé
dans une cage sans qu’il ne sache où il se trouve
ni pourquoi. Tout à coup, sa prison s’ouvre et l’Espagnol
s’aperçoit qu’il est au beau milieu d’un
terrain de football, entouré d’autres joueurs comme
Fabrice Fiorèse ou Stéphane Ziani. Du néant,
un pantin aux joues spiralées surgit sur un tricycle et
déclame d’une voix caverneuse que le massacre ne
s’arrêtera que lorsque les « petits »
parviendront à marquer un but à Harald Schumacher,
armé d’une tronçonneuse devant sa ligne des
16 mètres 50.
Un coup de feu annonce le début des hostilités.
Blaise Kouassi, déguisé en Uruk-hai pour l’occasion,
fait un carnage en dépeçant vivant Eric Carrière.
De son côté, Sidi Keita arrache les jambes de Nilmar
d’un tacle effroyable, sous le regard sadique de José-Karl
Pierre-Fanfan.
Caché sous la dépouille de Dmitri Sychev, Alberto
Rivera décide de prendre son courage à deux mains,
de s’emparer du ballon et de filer droit au but. Après
avoir esquivé la massue de Rafiu Afolabi, Rivera se présente
face à Schumacher. Le portier allemand effectue une sortie
dont il a le secret et tente de tronçonner la tête
de Rivera mais il ne parvient qu’à le scalper. Le
petit milieu espagnol inscrit le but de sa liberté. Mais
à quel prix…

Deez
06-02-2007