Wagneau Eloi
Non, chers lecteurs, rassurez-vous,
il ne sera pas question dans cette chronique de faire l’éloge
de Dennis Rodman ; nous allons nous intéresser à
son alter ego footballistique, le glorieux Wagneau Eloi, aka “Magic
Eloi“.

Qui est qui ?
Né le 11 septembre
1973, (il y a quand même des trucs bizarres qui arrivent
à la date là…) à Port-au-Prince à
Haïti, le petit Wagneau fait comme tous les enfants de son
âge au pays, il grandit la balle au pied. A l’âge
de neuf ans, il émigre avec sa mère à Paris.
Il ne renonce ainsi pas aux joies du football et fera ses classes
au Red Star. A la veille de ses 18 ans, il est repéré
par le RC Lens et intègre son centre de formation. Le joueur
est doué mais sa nonchalance caractérisée
(peut-être due à la fréquentation douteuse
de certains amis d’enfance, comme Doc Gynéco), le
catalogue comme un joueur fantasque, capable du meilleur comme
du pire. Le vaillant Eloi fait donc ses débuts en L1 en
juillet 1993 contre l’OM deux mois après leur finale
munichoise. A l’époque, il est un espoir du club
mais le “Druide“ Daniel Leclercq pense qu’un
prêt lui ferait le plus grand bien. Il est donc envoyé
du coté de Marcel-Picot où il jouera deux saisons
pour l’ASNL, avec un relatif succès. A l’orée
de la saison 1997-1998, le joueur haïtien réintègre
l’effectif lensois. Son statut de joker le fait participer
en pointillés au titre de Champion de France de la formation
nordiste, ce qui lui permet la saison suivante de découvrir
la Ligue des Champions.

“I believe I can fly.”
Entre-temps, il est devenu
l’homme à la crinière blonde, sur les conseils
d’un Roger Boli qui l’a pris sous son aile. Il est
alors barré par des pointures, telles que Tony Vairelles
ou Pascal Nouma; et c’est un soir d’octobre 1998,
à l’occasion d’un match contre le Panathinaikos
à Bollaërt, que notre gâchette préférée
va se révéler au grand jour. Sur un centre de notre
bien-aimé Cyril Rool (si, si c’est
possible), Wagneau vient crucifier le portier grec d’un
maître plat du pied. Celui que les supporters sang et or
surnomment “la gazelle“ devient alors une véritable
coqueluche. On en viendrait même à lui trouver du
potentiel.
Avec cette confiance retrouvée,
Magic Eloi décide d’aller exercer ses talents ailleurs.
Il quitte le Nord pour le sud de la France et la concurrence du
club de la principauté, où joue un certain Trezegol.
Ravi de cette nouvelle situation, le joueur découvre aussi
les joies de la vie monégasque. Et pour en profiter, Wagneau
ne va pas se priver. Ca va claquer ses cent milles francs au casino,
ça va voir le Grand Prix de F1, ça invite ses potes
pour faire des soirées dans des yachts privés, et
ça profite même de son physique pour appâter
des Carmen Electra en herbe se trémoussant sur les plages
azuréennes. Ah c’est la belle vie ! Claude Puel va
s’en rendre compte et va douter des capacités du
joueur. Retour aux premières amours du joueur, le banc
de touche. Il se sent alors plus à son aise. Ainsi, en
2000, après sa deuxième saison passée au
club, Monaco est champion de France et Wagneau y apporte sa petite
touche personnelle avec aucun but à son actif : un gage
d’efficacité.

Wagneau Eloi qui tacle, c’est rare, mais alors Vladimir
Jugovic qui a l’air concentré sur ce qu’il
fait, ça c’est carrément anormal.
Les deux années suivantes
seront synonymes de galère entre mésententes avec
le nouveau coach, Didier Deschamps, et blessures à répétitions.
Sa dernière saison (2002-2003) de contrat va se passer
en Bretagne au Roudourou où il sera prêté
à l’En Avant Guingamp, un club reflétant bien
les velléités offensives de notre petit protégé.
Les débuts sont d’abord prometteurs mais Eloi va
vite se faire voler la vedette par un certain Drogba, en pleine
éclosion. Ses performances sont telles qu’il ne réussit
pas à trouver de club à la fin de son prêt
; c’est le temps du chômage et de nombreuses visites
à l’ANPE pour lui. En janvier 2004, une pige de six
mois lui est proposée par le RC Lens qui veut relancer
son ancien joueur. Celui-ci va alors se rappeler au bon souvenir
de Bollaërt, et lors d’un mémorable Lens-Lyon,
viendra arracher le nul pour son club par un somptueux coup-franc
“juninhesque“.

« My name is Eloi…Wagneau Eloi. »
Un évènement qui
caractérise à lui tout seul l’ambiguïté
du fantasque Wagneau capable de fulgurances (une par saison, on
va être sympa), mais aussi d’une attitude quasi-christanvalesque
sur de nombreux matches. Mais nouvelle désillusion pour
lui, l’intérim lensois ne dure qu’un temps
et l’Haïtien cherche alors de nouveaux challenges,
il veut jouer à l’étranger. Pas en Espagne,
ni en Angleterre, mais en Belgique dans la fameuse Jupiler League
où un certain Tosin Dosunmu peut mettre une vingtaine de
buts par saison. Un nouveau départ pour lui, il accède
enfin à une place de titulaire. Après un passage
à La Louvière, Magic Eloi signe à Roulers
où il réalise une saison accomplie, 11 buts marqués
en 2005-2006. On croyait donc le joueur épanoui et ses
malheurs derrière lui. Que nenni, il attire les problèmes
comme David James le ballon dans ses propres filets. En effet,
il serait impliqué dans un scandale de match truqué
avec son club de La Louvière en 2005 ; il aurait volontairement
levé le pied au cours d’un match de championnat.
Wagneau est donc suspendu jusqu’en juin 2007 en Belgique.
Aux dernières nouvelles, on parlerait d’un retour
en France ; certains clubs de Ligue 2 se seraient mis sur les
rangs. Affaire à suivre donc…
Son match parfait
Hiver 2008. Après une tempête
ayant ravagé la Belgique et le Nord de la France, un match
de charité est organisé à Bollaërt au
profit des victimes. Il met aux prises des anciennes gloires sang
et or contre une sélection des meilleurs joueurs du championnat
belge. Par un heureux hasard de circonstances, notre ami Eloi
se retrouve dans les deux formations. Il débute le match
côté lensois, mais…sur le banc, évidemment.
Passé maître dans l’art de s’échauffer,
il est chargé d’aider les remplaçants qui
n’en ont plus l’habitude. Talons aux fesses, étirements,
tours de terrains, tout y passe ; Wagneau met toutes ses compétences
au service de l’équipe. Il donne un ultime conseil
à Mickaël Debève: «Le secret, poto, c’est
d’avoir confiance en soi, je crois en toi». La seconde
mi-temps commence et Magic Eloi se contente à nouveau d’être
spectateur, même s’il est côté belge
maintenant. Après un deuxième acte endiablé,
les deux équipes se retrouvent à égalité.
A la dernière minute du match, coup-franc pour Lens : Debève
se charge de le tirer et vient placer une frappe limpide dans
la lucarne de Silvio Proto. Avec la satisfaction du devoir accompli,
Eloi s’en va féliciter son coéquipier, ses
qualités enfin reconnues. Pour l’anecdote, le joueur
continuera une carrière émérite à
Arsenal où Wenger le chargera de diriger les échauffements
de l’équipe réserve.

Attention
derrière toi ! C’est affreux.
Pedro
24-01-2007