Christian Gimenez
Ne rester qu’une année
dans le championnat de France avant d’être prié
de repartir aussi sec, ce n’est pas la panacée. Beaucoup
de joueurs ont eu ce funeste destin sans marquer l’histoire
du foot hexagonal. Et d’autres resteront dans l’histoire
comme ces flops phénoménaux dont il faudra se souvenir
éternellement. Lors des longues soirées d’hiver
entre amis footeux, la simple évocation du nom de ces clampins
suffira à faire partir l’assemblée dans un
long moment de franche rigolade. Christian Gimenez est de cette
race là.
A voir sa mine déconfite,
on peut deviner qu’il ne savait pas qu’Andres Mendoza
serait son partenaire d’attaque avant de signer à
l’OM
Souvenez-vous ! Après un
début de saison 05/06 catastrophique en championnat et
le rendement jugé insuffisant de Mamadou Niang et d’Andres
Mendoza, l’Olympique de Marseille décide de recruter
un vrai renard des surfaces, l’Helvéto-Argentin Christian
Gimenez qui a planté en tout et pour tout 88 buts en 118
matches avec Bâle. Soit dit en passant, le championnat suisse
doit avoir un niveau exécrable puisque le Nantais, Julio
Hernan Rossi, y faisait également des miracles et que s’y est imposé sans problème.
Fin de la parenthèse helvètophobe.
A sa décharge, Gimenez
devait s’entraîner avec des moitiés de ballon
à la Commanderie.
Alors que d’autres clubs
tels que Lens ou Nancy s’étaient penchés sur
le cas Gimenez par le passé, ce sont donc finalement les
Phocéens qui semblent réaliser une très bonne
affaire en s’offrant pour un prix raisonnable ce canonnier.
Gimi frappe d’ailleurs d’entrée avec l’OM
en inscrivant un but face à Ajaccio. Personne ne peut penser
à ce moment là que ce but restera fils unique en
L1 puisque plus jamais l’Argentin ne trouvera le chemin
des filets, à l’exception d’un but anodin dans
les arrêts de jeu d’un match de Coupe de France face
à Metz.
Comment marquer des buts face
à des défenses si concernées et rigoureuses
?
Soit, Gimenez s’est totalement
planté. Mais pourquoi est-il entré dans la légende
au rayon des attaquants foireux de l’OM au même titre
que Pouget, Nouma, Cavens et autres Moses ?
Cela tient en différents points que je m’empresse
de détailler :
1- Des actions vendangées en pagaille où la maladresse
a rapidement été rejointe par la poisse pour former
un cocktail formidable de croques en tout genre et de buts refusés
pour hors-jeu. Gimi s’est même plusieurs fois payé
le luxe de contrer les frappes cadrées de ses partenaires,
événements rares lorsque Niang, Taiwo ou Oruma sont
vos partenaires.
2- Une intensité de Jack-Russel épileptique, avec
nombre de courses inutiles, d’appels-contre-appels dans
le vent, de replacements défensifs douteux.
3- Une sympathie évidente qui a conduit ses coéquipiers
à louer maintes fois et unanimement son professionnalisme.
La rédaction des piedscarrés a logiquement beaucoup
plus de courtoisie (qui a dit pitié ?) pour les bons gars
gentils plutôt que pour les mercenaires notoires (qui a
dit Stéphane Dalmat ?)
4- Une chute énormissime juste après son second
but de la saison, au Vélodrome contre Metz. Gimenez marque
d’un tir croisé après avoir frisé la
dissection de la jambe droite suite à un tacle du monolithique
Carl Medjani. Fou de joie d’avoir planté un pion
et d’avoir évité l’amputation, Christian
décide d’aller foutre un coup de pied dans les panneaux
publicitaires. Malheureusement, son crampon se plante dans le
bois et notre Gimi se casse lamentablement la gueule. Gag.
« Retiens-moi où
je retourne en L1 »
En résumé, nous
nous trouvons en présence d’un renard ayant perdu
son flair, qui reste néanmoins sympathique et qui pourrait
se recycler comme acteur comique dans le prochain film de Jean-Marie
Poiré.
Et la boucle ne serait pas bouclée si notre bonhomme n’avait
pas retrouvé toutes ses sensations sitôt les frontières
françaises franchies. En effet, prêté au Hertha
Berlin, Gimenez a retrouvé un ratio de buts bien plus conforme
à sa valeur réelle. A croire que le championnat
de France pourrait rendre stérile le plus prolifique des
scoreurs. A moins que ce ne soit l’OM qui fasse office de
centre de déformation, qui sait ? Toujours est-il que notre
bon Gimi a quitté le Vieux Port dare-dare et que, si l’envie
lui prenait d’y retourner y mettre un pied, nous serions
nombreux à nous en réjouir.
« C’est le buuuuuuteuuuuh
finaaaaaal »
Son match parfait
Christian Gimenez a tranché.
Il ne retournera pas à Marseille à l’issue
de son contrat de prêt. Son expérience en Allemagne
au Hertha Berlin a été satisfaisante et l’Argentin
s’est épanoui aux côtés du fabuleux
Marko Pantelic. Aussi, Gimi décide de prolonger son contrat
avec le club de la capitale germanique. Le hasard veut qu’au
premier tour de la Coupe UEFA, le Hertha Berlin et l’Olympique
de Marseille soient désignés comme adversaires.
L’occasion rêvée pour l’ancien bâlois
de montrer que les Phocéens se sont trompés à
son sujet en faisant étalage de tout son talent. Terriblement
motivé en retrouvant le Vélodrome, Gimenez a tant
de choses à prouver qu’il décide de reprendre
ses bonnes habitudes en s’agitant frénétiquement
sur le front de l’attaque, provoquant une syncope à
Renato Civelli. Las de courir après son ancien partenaire,
Bostjan Cesar se fracture de nouveau le crane en mettant un coup
de boule à Modeste M’Bami qui n’avait pourtant
rien demandé à personne. Désormais libre
de tout marquage, Gimenez peut se présenter face à
Cédric Carrasso qui, n’ayant en mémoire que
les tirs dévissés de son ancien partenaire, décide
de ne pas s’inquiéter outre mesure. Troublé
par si peu de méfiance, Gimenez pousse trop loin son ballon
qui roule inexorablement vers Taye Taiwo. Le Nigérian aperçoit
à 100 mètres de là le but adverse et décide
de tenter une frappe si puissante que rien ne semble l’arrêter…
excepté le visage de Gimenez qui s’interpose avec
courage. Le ballon contré finit sa course dans les filets
de Carrasso. Malheureusement pour Christian, le K-O subi à
la suite de cet acte héroïque lui empêcha d’assister
en live à son troisième et dernier but au Stade
Vélodrome.

Oui c’est ça, un
plus un est bien égal à ton nombre de buts à
l’OM
Deez
21-12-2007